Generation Silver

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L’image de la vieillesse
dans la littérature occidentale

L’image du vieillard est loin d’être uniforme dans la littérature depuis l’antiquité jusqu’à l’ère contemporaine, elle suit l’évolution sociale et reflète le progrès des sociétés dans leur perception de la vieillesse et de la jeunesse. Ceci dit, il existe dans la littérature des constantes liées à cette période de vie.

 

Durant l’antiquité, les figures des vieillards incarnent sans exception la sagesse, traduisent les valeurs et la tradition et leurs propos sont souvent oraculaires étant donné l’expérience qu’ils possèdent. On peut noter à titre d’illustration le personnage de Nestor dans l’Iliade d’Homère qui a toujours des conseils en or et qui partage son expérience avec les héros achéens qui lui font confiance. Nestor est réputé par sa longévité exceptionnelle.

 

Dans la littérature chrétienne notamment les mystères (pièces de théâtres liturgiques) et les hagiographies, les séniors sont également des sages et des modèles de droiture morale, ils incarnent la vertu suprême à travers surtout leurs expériences d’ascèse spirituelle. Au Moyen-âge également comme dans l’antiquité, les vieux sont présents pour offrir un lot de conseils non pas aux héros homériques mais aux chevaliers féodaux lors de leurs parcours initiatiques et leurs quêtes, ils initient les jeunes en leur conseillant surtout la prudence et la retenue. Nous pouvons illustrer cela avec la figure de Merlin dans les romans du cycle arthurien qui est toujours là pour guider Lancelot par exemple.

 

Au XVI siècle, Montaigne réfléchit dans ses Essais sur la vieillesse d’une manière philosophique en adoptant un angle mélioratif puisque selon lui cette période marque la fin des angoisses liées aux préoccupations prosaïques et triviales et le commencement d’une vie débridée :

  • « C’est enfin tout le soulagement que je trouve en ma vieillesse, qu’elle amortit en moi plusieurs désirs et soins de quoi la vie est inquiétée, le soin du cours du monde, le soin des richesses, de la grandeur, de la science, de la santé, de moi »

Les choses ont changé avec le XVIIème siècle et surtout dans les comédies de Molière où les personnages de ces vieillards sont ridiculisés et caricaturés et sont source de rire. La satire est bien présente à travers les défauts de ces figures attachées aux mœurs du passé et en conflit constant avec les générations nouvelles, incarnant l’autorité parentale rigide et dérisoire : Harpagon dans L’Avare  est un vieillard radin dont l’argent constitue une véritable obsession, Argan dans « Le Malade imaginaire » est un vieillard hypocondriaque dont les angoisses et les obsessions constituent le moteur du rire du public. On retrouve le même principe chez La Fontaine dans les Fables avec le grossissement des traits de caractère des vieillards apparaissent généralement comme des individus très entêtés.

 

Au XXème siècle, une figure féminine représentant tous les enjeux de la vieillesse est intéressante à retenir à savoir madame Rosa dans La vie est devant soi de Romain Gary : un portrait pathétique et épouvantable de ce que peuvent la sénilité et l’impotence faire à l’être humain. La scène finale de la mort de madame Rosa dans le sous-sol de l’immeuble toute seule marque le paroxysme de la misère humaine : la vieillesse est dépeinte sous un jour effroyable.

 

La littérature offre une panoplie de portraits d’hommes et de femme âgés avec des traits de caractère divers et variés qui luttent contre le temps : Leur rapport avec le temps est parfois conflictuel, d’autres fois pacifique. Chaque personnage vit son expérience de vieillesse à sa manière et nous donne une leçon de plus sur la brièveté de la vie, son inconsistance et surtout sur son insignifiance.

 

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